vendredi 24 février 2017

Il va falloir se faire une raison à propos du mec-de-la-salle / PMS Syndrome

Hector devait venir à la salle de sport avec moi. Exit la culpabilité, j’avais envie qu’il soit là. Qu’il m’aide à affronter le mec-de-la-salle et sa copine – qu’il m’aide à affronter le temps qui passe, en somme.

En arrivant, j’ai vu la voiture du mec-de-la-salle. Soupir. Je cherche la voiture d’Hector. Je ne la vois pas.


Lorsque je monte dans la salle, le-mec-de-la-salle est là, à glousser avec sa copine. Il parle assez fort – lui d’habitude si discret. Non, correction : Lui si discret avec moi. J’entends juste la fin de sa phrase :  « à la maison ». Une partie de moi se dit « donc ça y est, tú casa es sú casa maintenant ?! Si vite ?? ». Une autre partie réalise qu’il utilise cette voix enjôleuse et sexy pour lui dire ça, cette voix qu’il utilisait pendant qu’on faisait l'amour et qui me rendait folle. J’ai mal. Je cherche Hector, je panique, mais il n’y a personne. Je me mets tout au fond de la salle, le plus loin possible d’eux. Mais je me sens prise au piège. Un type discute avec moi, ça m’occupe deux minute, mais je sens que je parle trop vite, trop fort, et que ma voix frôle l’hystérie.

Le cours commence.
Hector ne viendra pas.

Où que je regarde, les miroirs me renvoient le reflet du mec-de-la-salle. A la fin du premier exercice, il se tourne vers sa copine et lui demande si ça va. Je me crispe. Jamais il ne m’a demandé ça. Et cette conne à, à peine, 2 kg sur sa barre, ça devrait aller hein ! Je la trouve laide et vulgaire. Elle a un physique disgracieux. Mais plus de poitrine. Et elle est plus jeune que moi.

Le cours se poursuit, et je pète les plombs complet. Je pleurs en même temps que je travaille, alors je charge plus, et je risque la blessure, juste pour ne pas penser. Je réalise que suffisamment d’efforts enrayent la tristesse. Je me sens comme une machine : soulever, baisser, répétitions, plus fort, plus vite. J’en veux à Hector. Ensuite je m’en veux à moi, je me dis que je n’ai besoin de personne pour affronter ça, que je suis assez forte. Je ne veux pas dépendre de qui que ce soit pour affronter ma tristesse. Je mets 10kg sur ma barre, je me dis que c’est 1/5 de mon poids, que c’est peut-être beaucoup… et j’arrête de penser. Et je me dis que je peux réussir à passer outre cette situation, que je peux y arriver. Je hais cette fille, je hais le mec-de-la-salle, ce petit lâche qui a juste arrêté de m’écrire et qui n’est plus capable de soutenir mon regard.
Et pourtant, je me dis que c’est un mec qui choisit une fille « normale », pas un tombeur. J’aime ça. Je ne me suis pas trompée sur ce mec. Mais l’apprécier, là, tout de suite, c’est encore plus rageant.
Je me dis qu’aimer, c’est bien trop douloureux, bien trop compliqué. Je voudrais arrêter de l’aimer, arrêter d’être obsédée par ce mec, arrêter de me dire que je ne retrouverai peut-être jamais plus une telle attirance animale. Je me dis que ma vie serait plus simple si je faisais un choix sensé, si je choisissais Hector et que je décidais de renoncer à l’amour, aux papillons dans le ventre et aux nuits intenses à en crever.

A la fin du cours, elle sort du vestiaire et l’attend. Elle porte juste une infâme veste de survêtement, et elle a un portable. Aucune autre affaires, pas même une clef. Je me dis qu’ils sont venus ensemble. Je me dis qu’ils repartent ensemble. Je me dis qu’ils vont se doucher ensemble, et je me dis que c’était mon fantasme. Qu’on n’a jamais réalisé. J’avais encore tellement de choses à lui dire.
J’ai tellement mal.

Je prends une douche, et je cours jusqu’à ma voiture. Enorme vide en moi. J’ai si mal. Mais pas le temps de s’appesantir, Hector a envoyé un message, et il m’attend devant chez moi. Il n’a pas pu venir. Je lui en veux, tout en sachant que c’est idiot.
Je prends le chemin le plus long pour rentrer. Mélange d’une rage sans nom et d’une tristesse illimitée en moi. Je répète « C’est ridicule, c’est vraiment ridicule ». Et puis je craque. Je me mets à sangloter, je m’effondre complètement. Hector essaie de m’appeler pour savoir où je suis, et je me dis que c’est au-delà de mes forces de rentrer chez moi, et de le voir. Je me dis qu’il est un pansement, mais un pansement sur une plaie béante qui n’est absolument pas cicatrisé – et ce soir, la plaie saigne, et il risque d’en faire les frais. Je ne sais pas quoi faire. Et pourtant, je sais que je n’ai pas le choix.
Je me calme. Mon sang-froid m’impressionne presque. Je me répète la phrase que me disait mon sophrologue « Je sais que je vais y arrive ». Et je cherche en moi les raisons pour lesquelles j’y crois. Arrivée dans ma rue, la phrase était devenu « Je pense que ça va le faire, on va faire au mieux ». C’est toujours mieux que rien. J’ai séché mes larmes, et si Hector a remarqué quoi que ce soit, il n’a rien dit.

La soirée a été longue, et je n’arrivais pas à faire bonne figure. Je faisais parler Hector, pour ne pas avoir a parler. Lui n’allait pas très bien non plus, il s’était pris la tête juste avant à propos du divorce avec VeronikéDavina. Je suis incapable de surmonter, je cache ça derrière de la fatigue. Je sais qu’au moins la moitié de l’intensité de mes réactions sont liés au fait que j’aurais bientôt mes règles. Cette rage n’est pas habituelle, ce désespoir est bien trop excessif. Mais si mes hormones décident de jouer la samba là dedans, je ne suis pas de taille à lutter.

On se couche, et je fais l’amour furieusement à Hector. Je le griffe, je le mords, je lui emprisonne les bras, et je le chevauche pour tout oublier, en me disant que peut-être les deux autres sont en train de partager un moment d’intimité ensemble, chez le mec de la salle. Ca me rend folle, et je redouble d’efforts et de brutalité. Il a l’air d’aimer ça. Il jouit dans un long râle et je me demande si je l’ai déjà entendu être aussi bruyant.

Ce matin je suis un peu plus apaisée. Bien que ce soit toujours douloureux. Copine#1, a qui j’avais envoyé un message de détresse dans la soirée, me dit que je suis en train d’évacuer. Que c’est positif. Je me demande où j’en suis, au niveau des étapes du deuil. Et où je vais.

Ce matin, premier jour de congé, je vais partir 6 jours dans ma famille. Programme hyper chargé, qui ne devrait pas me laisser le temps de penser. Pause. On verra à mon retour.

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