jeudi 21 septembre 2017

3 jours over the rainbow (2/2)


Le lendemain, nous avions prévu de nous retrouver à 9h30 chez moi. J’avais proposé que l’on prenne le petit déjeuner ensemble avant de partir, et je prévoyais de l'éblouir avec des pancakes à tomber.
Finalement, les choses ne se sont pas déroulées comme je l’espérais puisque lorsque que j'ai été nourrir les chats de mes nouveaux amis médecins – qui sont propriétaires d’une maison d’architecte au milieu de la forêt à 25 ans, merci beaucoup- l’un d'eux s’est échappé. J'ai crapahuté 45 min dans la forêt sous la pluie pour tenter de le récupérer, avant qu'il ne rentre de lui-même en ronronnant sous mon regard indigné. Il était 9h20 et c’était mort pour les pancakes.
Qu'importe, Charles-Henri est arrivé avec des croissants parce que c’est un Perfect Boy.


On a petit déjeuner chez moi, puis on est parti. On s’est aperçu que le patelin était bien plus loin que ce qu’on pensait – on comptait 30 min de route, en fait il y avait une bonne heure.
Dans le même temps, on a réalisé qu’on avait oublié d’embarquer des capotes, et on s'est dit qu’on irait faire des courses, parce qu’évidemment, c’était impossible de faire sans. 
Et là il me dit :
Après, si on voit que ça marche bien entre nous, on peut aussi faire un dépistage et se passer de capotes…
Je reste interdite. Wow. Il a vraiment dit ça. Wow. Il pense à ça. Wow.   
Je laisse s'installer un silence, trop occupée à canaliser mes pensées. Je suis béate. Toutefois je me demande ce que ça recouvre : est-il sérieux ? Ou est-ce une forme de confort ? Lorsqu’il m’a parlé de son ex, j’ai été effrayée par le fait qu’il a pu passer plus de 2 ans avec quelqu’un pour qui il n’avait que de l’affection, et pas de projets à long terme. S’est-il posé la question de ce qu’il veut avec moi ? Prendre un contraceptif, ce n’est pas une action anodine : je sais que ça va bouleverser mes hormones, peut-être me rendre un peu mal, et le jour où j’arrêterai, ça sera l’enfer. La dernière fois que j’ai arrêté la pilule, j’ai mis un an et demi avant que mes cycles redeviennent réguliers et que je n’ai plus d'acné. Donc l’homme pour qui je reprendrai la pilule devra avoir des intentions louables.
Une fois que j’en étais arrivée à cette conclusion, il était bien évidement trop tard pour rebondir sur sa remarque, mais je me suis dit que de toute façon on en reparlerait, et que je me sentais suffisamment en confiance avec lui pour lui expliquer les choses exactement de cette façon.
Je me sentais bien.

Arrivé dans le village, il a fallu aller chercher les clefs chez les voisins. Des agriculteurs- éleveurs dont le terrain est gardé par deux chiens aveugles très agressifs. J’ai laissé Charles-Henri y aller seul, et lorsqu’il est revenu, il était très pâle, et a lâché entre ses dents « Je déteste ces putains de chiens de l’enfer. Je les hais. Ils me foutent les miquettes ».
On a mis un temps fou à sortir de la propriété parce que les chiens couraient autour de la voiture en mordant les pneus. Mais à peine étions nous sortis des limites de la propriété qu’ils repartaient vers la maison - et nous poussions un soupir de soulagement. 
Nous sommes donc arrivés à la maison des Charles-Henri's, une ancienne ferme aménagée, sur un grand terrain. Je ne sais pas ce que j’imaginais, mais j’étais surprise d’entrer dans cette véritable maison de campagne à la déco désuète et au papier peint douteux. L’ensemble donnait une ambiance chaleureuse et hors du temps – par contre il faisait horriblement froid.
Charles-Henri, que j’ai commencé à appeler « Fils de bonne famille » juste pour l’entendre bougonner, a relancé le chauffage, en disant « Dans 10h, on devrait avoir 18°C », puis m’a jeté sur le canapé et a commencé à m’embrasser. Ses yeux brillaient « On a 24h pour nous tout seul ! »
On a fait l’amour en se serrant l’un contre l’autre dans la fraîcheur de cette maison silencieuse – jusqu’à ce que nos corps deviennent brûlants d’excitation et que la température des pièces ne nous pose plus aucun problème. Nous avons utilisé ma capote de secours (toujours avoir des protections hygiéniques et des capotes dans son sac à main), et nous avons pris notre temps. Parfois il s'arrêtait en pleine action, et caressait mon visage en murmurant « Attends, attends, laisse moi te contempler ». Puis, après la jouissance, nous nous sommes effondrés l’un contre l’autre, et nous sommes endormis.
Nous avons émergés vers 14h30 et décidé d’aller faire des courses. Avant de partir, nous n’avons pas résisté à l’envie de nous reblotir l’un contre l’autre. Sans capotes, j’ai décidé de le prendre dans ma bouche. Petit à petit, j’apprivoise sa taille, et je gagne en confiance. De nouveau, il n’a pas éjaculé. Je lui demande innocemment s’il simule, ce qui est d’autant plus drôle qu’il est secoué d’espèces de soubresauts très impressionnants qui sont l’antithèse absolue de la simulation. Il ne comprend pas ce que je dis : On réalise rapidement que, pour lui, les sensations sont exactement les mêmes, mais que je peux témoigner que « rien ne sort ». Il me demande plusieurs fois « Non mais t’es sûre ?! », et fini par me jurer qu’il ne simule pas. Ensuite il ronchonne misérablement que, « voilà, je ne suis qu’un incapable, une espèce de fils de bonne famille même pas foutu de te jouir dans la bouche ». Ce qui m’a fait mourir de rire.

Puis nous sommes partis faire des courses, et acheter de quoi manger : il était 15h, et on avait toujours le ventre vide.
J’adore faire les courses à deux. C’est une perte de temps incroyable, et certainement le meilleur moyen de dépenser deux fois plus que ce dont on a réellement besoin, mais j’aime passer de rayons en rayons en se disant « Ça te plairait, ça ? » et « On pourrait faire ça, et ça avec ça ».
Arrivée à la caisse « On n’a rien oublié ? ».
« Non… Ah, mais si ! Les capotes ! On a oublié les capotes ! »
« Oh bon sang ! Heureusement que tu y as pensé ! »
On s’est donc retrouvé un peu désemparé devant un rayonnage multicolore et aguicheur. Pour ma part, je n’avais jamais achetés de capotes (mon stock disparate étant dû à mes amis gays et leurs goûts exubérants en la matière), et je suis assez dubitative quant aux promesses affichées sur les paquets. On a fini par choisir la boîte la moins ostentatoire, et je me suis demandé à quoi pensait la caissière en passant des nuggets végétarien, une barquette de champignons et une boîte de 24 capotes.
Ensuite on a fait un détour par la boulangerie pour prendre un dessert dégoulinant de sucre et de gras en se tenant par la main, puis nous sommes rentrés.
En mangeant, nous avons discutés de plein de choses. De cette maison, aux rideaux qu’il exècre, où ses parents passent en tout et pour tout deux semaines par an depuis vingt ans. Lui il adore cet endroit, et aimerait qu’elle soit à lui, un jour. Ce qui pourrait arriver car ni son frère ni sa sœur ne sont intéressés. De la maman de Président, qui a une personnalité très extrême, passant de l’euphorie à la dépression plusieurs fois par jours. Nous avons dérivé sur les différentes personnalités, d’un point de vue psychiatrique, et la discussion a commencé à me mettre mal à l’aise, parce que les symptômes de la maman de Président me semblaient ressembler aux miens sur certains points, et je n’aimais pas la tournure des choses – surtout qu’il avait commencé la conversation par « J’ai beaucoup de mal avec sa mère ».
« S’il te plait, ne pense pas de moi que je suis folle » (Mais je n’ai rien dit)
Je me suis senti obligée de défendre la maman, et tous les gens avec un caractère mélancolique prononcé. Il s’est défendu en disant « La beauté du monde réside dans la richesse et la différence de nos personnalités »
Ça m’a un peu rassurée.
Il a proposé que l’on aille faire une petite sieste avant d’aller marcher dans la foret environnante, avant de se souvenir qu’il avait fait de la bière artisanale et qu’il fallait la transvaser. On a donc galéré un petit moment et renversé de la bière sur la moquette antédiluvienne, et j’ai beaucoup rigolé. Du coup la sieste est passée à la trappe. Il m’a fait visiter les extérieurs de la maison, dont un petit étang avec une pierre au centre et une mini cascade qui m’a enchantée : Si les fées existent, elles habitent incontestablement ici.
La grange, les dépendances en pierre, le terrain… C’était magnifique.
Puis on a été marcher en forêt, une très belle foret sauvage très verte, à la mousse moelleuse sous nos semelles. Des petites fleurs en forme de cloche mettaient une touche de violet dans ce paysage idyllique.
Comme il n’y avait pas de chemin tout tracé, on a suivi les souvenirs de Charles-Henri. Ceux-ci nous ont menés vers une bute avec des ronces, mais, confiante, je propose à Charles-Henri de crapahuter au-dessus.
« Tu crois ? »
« Mais ouiiii ! Fastoche ! »
« Mais faudrait que j’évite de salir mon pantalon blanc…. » (Oui, Charles-Henri mets un pantalon blanc pour aller randonner)
On a escaladé la bute, évidement il a torché son pantalon blanc, évidement c’était une idée de merde parce qu’une fois sur la bute, il y avait encore plus de ronces et elles nous montaient jusqu’à la poitrine, et bien évidement on ne pouvait plus faire marche arrière. Nous avons donc trouvé une astuce de survie : il me soulevait au-dessus des ronces, et je les écrasais pour nous frayer un passage.
Il riait : « J’ai jamais fait ça, c’est n’importe quoi ! »
« Mais ça marche ! »
Et on a fini par s’en sortir et rejoindre un chemin un peu plus praticable. La foret était toujours aussi belle, et j’ignore si elle l’était parce que j’étais avec lui ou si, objectivement, l’altitude faisait qu’elle était différente de mes randonnées habituelles.
Nous avons marché une petite heure avant de rentrer. Il m’a pris la main comme un enfant, et je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si quelque chose avait changé entre nous. Pourquoi n’a-t-il pas entrecroisés nos doigts ?
En rentrant, il a proposé que l’on s’installe ensemble pour lire, et finalement nous n’avons jamais ouvert un seul livre : on a fait l’amour, avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Lorsque je me suis réveillée, il faisait nuit. J’ai caressé son visage jusqu’à ce qu’il se réveille, en chuchotant « Il faudrait peut-être que l’on mange quelque chose… »
Nous avons décidé que je ferais une pizza (j’avais déjà préparé la pâte) pendant qu’il allumerait le feu pour que l’on puisse dormir devant. Si moi je n’ai pas eu de mal à nous faire un très joli repas, il a beaucoup galéré à allumer un feu. Et quand il a enfin réussi, la cheminée ne tirait pas, et toute la maison s’est retrouvée enfumée. Il a fallu ouvrir les fenêtres… Et faire retomber la température de la maison, qu’on avait eu bien du mal à réchauffer.
Il était très agacé, parce qu’apparemment c’est tous les ans la même histoire, et que ça irait mieux si ses parents entretenaient un peu mieux cette maison.
On a mangé, on a bu, on a préparé nos affaires pour le lendemain parce qu’il fallait partir à 6h du matin vu la route. Il était morose, et disait « La journée est déjà fini… ». J’ai proposé qu’on prenne une petite douche, et finalement on a même pu prendre un bain, dans une salle de bain tapissé jusqu'au plafond.
On a été se coucher vers minuit, il n’y avait plus que des braises vaguement rougeoyantes dans la cheminée, au temps pour mon fantasme de faire l’amour devant les flammes. On a toutefois refait l’amour avant de dormir, du moins on a essayé : il était épuisé. Il m’a caressé, il m’a léché, et, mon dieu, si seulement il avait cette idée plus souvent, parce que sa bouche est magique. Il n’a pas réussi à être assez dur pour pouvoir me pénétrer, alors j’ai joué avec ma bouche. Il est venu très rapidement, son corps tendu de sursauts involontaires, son cœur battant la chamade.
« Et là, il s’est passé quelque chose ?! »
« Non, rien »
Donc il s’est mis à flipper et à s’imaginer des problèmes médicaux, et j’ai eu l’impression de me retrouver face à un forum Doctissimo. Il a tout de même fini par conclure que c’était aussi peut-être parce qu’on avait passé la journée à faire l’amour.

On s’est endormi.

J’ai très mal dormi, faisant des rêves étranges, puis le vent m’a réveillé. Une véritable tempête faisait rage dehors – et ce bruit, comme celui de la pluie, me fait adorer le fait d’être au chaud dans un lit.

Lorsque le réveil a sonné, on a rassemblé nos affaires, fermés les volets, et sommes partis, le cœur lourd. Il faisait nuit, le vent était violent et la pluie giflait le parebrise. Des arbres étaient tombés, et il y avait des branches un peu partout sur la route. Et puis au détour d’un virage, un lapin apeuré tournait en rond sur la route, puis a subitement couru sous les roues de la voiture. Un bruit sourd. J’ai lâché un hoquet de surprise. Charles-Henri aussi. Il a posé sa main sur ma cuisse, puis a murmuré, penaud « Je me sens complètement béta…. ». Sauf qu’il n’aurait rien pu faire, et si j’avais été au volant, ça aurait été pareil. Je l’ai rassuré, mais le reste du trajet s’est fait dans le silence. On a grignoté notre petit dèj, et puis il m’a déposé chez moi avant de repartir très vite à son travail, parce qu’on était limite au niveau du temps. Moi j’avais encore 1h devant moi, et je me suis endormie sur mon canapé, en essayant de me réchauffer. Je suis allé travailler avec un sentiment d’irréalité et beaucoup de nostalgie. Nous n’avons pas déterminé le prochain jour que nous nous verrons, et ça m’a un peu déprimé. J’ai envoyé un message le soir, pour le remercier pour la journée. Il m’a remercié pour mon message, et m’a dit qu’il m’embrassait fort.
Il me manque déjà.

2 commentaires:

  1. Et je lis inlassablement ton (votre) histoire.
    C'est tellement romantique, tellement doux et sincère entre vous. J'adore te lire (c'est redondant ce que j'écris je sais)
    <3

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    1. Qu’importe que ce soit redondant, ça me fait plaisir :)
      Parfois je me demande si c'est "juste" que j'ai cette chance ; pourquoi moi je vis une histoire aussi belle, et toi tu passe des tas de rencards sans trouver le bon... ? Je me sens presque un peu coupable.
      Mais si au moins tu prend plaisir à me lire, alors ça me rassure au moins un peu !
      Love you Matka <3

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