lundi 25 septembre 2017

La Brosse à dents (1/2)


Après notre journée dans la maison familiale de Charles-Henri, j’ai été dévorée de spleen et de doutes. Il me manquait et nous n’avions pas convenu de la prochaine date où nous nous verrions. Je l’avais eu au téléphone et nous nous étions envoyé des messages, mais je flippais : au téléphone, c’est pas le mec le plus expressif du monde, et il a pris la décision de raccrocher (d’accord, au bout de 30 min) parce qu’il avait du travail (d’accord, il était genre 21h). D’accord, c’était pas excessif du tout, et en plus je sentais qu’il était crevé, mais je suis rentrée en mode "Super Culpabilisation" : « J’aurais dû raccrocher plus tôt, je n’aurais pas dû dire ça, je suis beaucoup trop collante, j’aurais pas dû appeler ».
Action-Réaction : j’ai décidé de ne plus envoyer de messages.
Le lendemain de cette décision, j’ai passé une longue et misérable journée à penser à lui et à lutter contre l’envie d’envoyer un message.
Le soir, je me suis couchée, misérablement seule et ronchon, mais avec la satisfaction d'avoir tenu.
23h45, je reçois un message de Charles-Henri : « Je t’embrasse très fort. Voilà ».

*Ronde d’écureuils au milieu de ma chambre, pluie de fleurs, étoiles dans les yeux*


On s’est un peu écrit, et le dimanche, j’ai décidé d’agir avec lui, comme si c’était un ami – car finalement, à la base, ça a toujours été mon ami, donc pourquoi se prendre la tête ?! : J’ai envoyé un message pour savoir si on se voyait le soir.
Il m’a téléphoné peu de temps après. Il était à Charlhenriville (donc à 70km de chez moi), il proposait qu’on se voit plutôt le lendemain. Moi je devais passer la journée avec Mister Perfect, que je n’avais pas vu depuis très longtemps (on a mis longtemps à se réconcilier de mon anniversaire). J’ai proposé qu’il nous rejoigne en fin d’aprem – qu’on ait le temps, Mister Perfect et moi, de débriefer la situation, que je puisse lui raconter mon histoire avec Charles-Henri, que je m’épanche sur la taille de sa bite, bref, ce genre de détails capital.
Je lui ai également parlé de ma soirée au resto avec la salle de sport, et mon voisin de table très gentil (que j'avais fusillé du regard des mois auparavant), et il s'est exclamé, hilare « Ah, tu es d'une rare délicatesse avec ton entourage, tu es un véritable papillon ! »
J’ai passé un très bon moment avec Mister Perfect. Que j’aurais dû voir la semaine précédente, mais vu qu’il avait passé 12h en cellule de dégrisement après une énième soirée où il avait été trop loin, on avait reporté.
Mister Perfect qui semble avoir rencontré la femme de sa vie (je sais : c'est la 4e fois cette année), et tout se passe à merveille... Sauf qu'il pense encore à la précédente. Avec qui ça avait foiré parce qu'il pensait à la précédente. Avec qui ça avait foiré parce que... Bref, cet homme à un gros problème de synchronisation.
(Parfois j'ai envie de prendre Mister Perfect et de le secouer jusqu'à ce qu'il arrête de faire de la merde avec sa vie ou avec ses meufs)

Charles-Henri est arrivé vers 18h. J’étais dans mes petits souliers, à espérer que les deux s’entendraient bien, et qu’il n’y aurait pas de silences gênants.
... Ou de gaffes.
Genre Mister Perfect qui balance : « Alors comme ça tu mets du L en capotes ? »
Ou Charles-Henri qui demande «  Et sinon, la prison, c'était comment ? Tu as un tatouage de gang ou ça va ? »
Mais en fait, j’aurais dû me douter qu’ils s’entendraient comme larrons en foire : ils ont pas mal de points communs, ils ont la même capacité à faire n’importe quoi sous l’emprise de l’alcool, ils sont tous les deux hyper sociables et curieux, bref, ils avaient plein de trucs à partager. Je les ai donc regardé échanger comme deux vieux amis en sirotant tranquillement mon thé, mon chat sur les genoux – j’ai vraiment pas besoin d’avoir une télé. 

Nous devions manger ensemble, mais aucun de nous n’avait très faim. Finalement, nous avons improvisé un gros apéro au jus de fruits (parce que Mister Perfect s’est un peu calmé après ses 12h en cellule… Mais ça ne durera pas). Il est parti vers 21h, et à peine avais-je fermé la porte que Charles-Henri me soulevait, m’accrochait autour de ses hanches et m’allongeait sur le canapé.
Il regardait mon visage, souriait, m’embrassait. « Je n’ai pas faim… On va au lit ? »
On a quand même mangé le succulent tiramisu fait maison qu’il avait apporté – le genre de plat qu'il pourrait faire en disant « Goûte-ça et épouse-moi ».
Et pendant tout ce temps, il me regardait en souriant. « Ben quoi ? Oui, je sais, je te regarde et je souris béatement. Je sais ! Ne me juge pas ! ».

Lorsque je l’ai rejoint au lit, il m’a dit « Avant tout, je dois te poser une question qui déterminera l’avenir de notre relation ».
Il marque un silence grave.
Je suis littéralement en train de me sentir mal, et de me dire « Ca y est, c’est fini, tu t’es fait des illusions et ça s’arrête maintenant ».
« Est-ce que… je peux ramener…. »
Il marque de nouveau un long silence, et je sens mes sourcils monter jusqu’à la racine de mes cheveux. J’ai une boule au ventre, et je n’en peux plus. Ramener qui ? Ramener quoi ? Putain !
 « …. Une brosse à dents que je laisserai chez toi ? »
J’ai un fou rire nerveux.
Ensuite je lui dis que oui-évidement-bien-sur-ramène-tout-ce-que-tu-veux-chez-moi-grand-fou. Il me dit, sans me regarder « Tu peux la cacher quand je ne suis pas là si tu veux. Si tu as des amants… *Silence*…. Tu en as ? Non ? Je suis ton amant principal ? C'est tout ce que je demande »
Moi j'en ai profité pour dire que j'étais contente qu'il dise ça, que j’étais un peu flippé à me faire peur toute seule sur ce qu'il voulait, que je craignais qu'un jour il me dise « Mais enfin qu'est ce que tu crois ?! Tu n'es qu'une distraction pour moi ! ». Il m'a juste dit : « Ben… On est plutôt bien ensemble, après on ne peut pas savoir où ça mène, n’est-ce pas ? Tu sais où ça mène toi ? Mais tu es une "distraction" très distrayante, et pour l’instant je suis bien avec toi. Après si tu veux parler plus sérieusement de notre relation, on peut, ça ne me pose aucun problème ». 
Et donc j’ai dit « non non », parce que je suis une flippette c’est surement un peu tôt pour avoir une discussion sérieuse. Après tout, ça ne fait même pas tout à fait un mois... même s’il y aura une seconde brosse à dents dans mon gobelet "Petit Poney" très bientôt

Il m’a mise nue, il m’a caressé, mordillé, léché pendant un temps infini. Petit à petit, j’essaie de lâcher-prise, d’accepter qu’il me regarde en pleine lumière, d’accepter qu’il aime ça  et qu’il aime ce qu’il voit. Il descend de plus en plus avec sa langue – et, étrangement, plus volontiers quand je ne sors pas de la douche, alors que moi je suis ultra flippée de l’hygiène – et c’est à chaque fois un moment ahurissant : sa bouche et sa langue sont magiques, j’ai le sentiment de sentir exactement tout ce qu’il me fait.
Malgré tout, j’ai encore du mal à me laisser aller. Je n’ai eu qu’un seul orgasme avec lui depuis nos débuts, et je sens que j’ai encore une petite réserve de ce point de vue. C’est assez drôle de voir qu’avec Hector, c’était quasi systématique (et je ne me posais pas de questions)… Mais si je devais le définir, je dirais que c’était du sexe masturbatoire. Avec Charles-Henri, tout comme avec le-mec-de-la-salle, je ressens beaucoup de choses, j’ai le sentiment de faire l’amour… mais sans arriver jusqu’à l’orgasme. Le mec-de-la-salle, j’avais réussi à ne me laisser aller qu’au bout d’un bon mois. Copine#1 en déduit que je ne suis qu’une petite dévergondée incapable de se laisser aller lorsqu’elle a des sentiments. Ce qui me fait copieusement ronchonner, surement parce que ça semble plausible.
On a passé des heures en préliminaires. Je ne savais plus si j’agonisais de plaisir ou si ça devenait douloureux, je cherchais à m’esquiver tout en adorant qu’il soit assez fort pour m’empêcher de bouger.
Lorsqu’on est arrivé au moment où on n’en pouvait plus, on s’est aperçu qu’on n’avait pas de préservatifs (encore). Obligés d’être sages… Ou de pousser nos préliminaires jusqu’au bout.
Ce qu’on a fait.
J’adore l’effet que je lui fais : à peine ma bouche commence-t-elle à le toucher qu’il m’arrête « Wow. J’ai failli partir. Attend ». J’essaie alors de prendre mon temps, de faire durer les choses, mais je n’y arrive que pendant quelques minutes à peine. Je le laisse me guider parce qu’il m’a confié adorer ça, et il vient dans un râle essoufflé. Je vais immédiatement poser mon oreille sur son torse, pour écouter son cœur qui bat la chamade. Je le regarde, et c’est comme si je le découvrais pour la première fois, comme si son visage et sa présence, sont encore une surprise pour moi. Par quel incroyable et superbe miracle nous retrouvons nous ici et maintenant, l'un contre l'autre, l'un avec l'autre ?! Émerveillement. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire