vendredi 1 septembre 2017

Vacances chez la famille, ou le pèlerinage des Bisounours

Il y a quelques semaines, j'ai pris des vacances. Chronologiquement, c’était juste après la dernière (der des der) dispute avec Hector, et bien avant l’arrivée fracassante et inattendue de Charles-Henri
Autant dire que j’étais dans un état de fatigue morale assez avancée et que j'avais besoin de souffler et de changer d'air.


J'ai choisi d'aller chez ma cousine, que je n'avais pas revu depuis une dizaine d’années. J’y suis allé une petite semaine, juste assez pour profiter, et pas assez longtemps pour devenir envahissante… ou risquer de m'ennuyer/me sentir mal – après tout, nous ne nous étions pas vu depuis très longtemps : et si on avait plus rien à se dire ?!
Je suis arrivée un mercredi. Je savais déjà que je m'entendais bien avec ma cousine sur plusieurs points, et que niveau alimentation, tout irait bien car son mari et elle sont vegans. J'anticipais d'avance le plaisir d'avoir une compréhension commune sur ce sujet – et on allait pouvoir s'éclater au niveau de la cuisine.
Ce que j'ignorais encore, c'est à quel point on allait s'entendre : on ne s'est pas parlé pendant des années, et pourtant j'ai eu le sentiment que nous avions évolué dans le même sens. C'était épatant – et génial.
On a pu parler de plein de choses qui nous tenait pareillement à cœur, et se sentir compris. Je me suis senti a ma place, avec ce sentiment de relâchement, de bien être qui l'accompagne.
Ils sont vegans
Anticapitalistes
Anticonformistes
La tv ne les intéresse pas – ni la pub, ni toute cette poudre aux yeux
Sensibles à un monde plus respectueux de la nature et des animaux
Ma cousine s’interroge sur la dictature de l’épilation et cette culpabilisation de la femme lisse et parfaite – et elle a arrêté de s’épiler et de porter des soutien-gorge au profit de brassières sans baleines. Réflexion que je muris depuis quelques temps moi aussi, et je commence à retirer les soutifs à baleines de mes tiroirs.
Son mari préfère de toute façon le naturel.
J'ai réalisé que j'étais comme ça moi aussi, et que ça fait du bien de ne pas passer pour la hippie timbrée. Ou que ça fasse comme avec Hector : Au début ça interpelle parce que c’est atypique, et ensuite ça dérange parce que ça diverge trop de la "norme".

On a parlé agriculture raisonnée, on a rêvé à un monde plus beau où les humains et les animaux cohabiteraient sereinement, un monde où la nature serait plus présente, respecté et préservé.
Ma cousine et moi nous sommes retrouvées comme si on ne s’était jamais quittées, et ça a été le même genre de Big Love avec son mari : on s’est entendu comme larron en foire. Le matin, je me levais pour boire un thé avec ma cousine avant qu’elle parte au boulot, et le soir, quand elle se couchait, c’était une tisane avec son mari. On discutait de tout plein de choses, et il me massait les pieds (parce que c’est un fana du massage) jusqu’à ce que j’aille me coucher. Et au fur et à mesure des jours, mon temps de sommeil se réduisait parce qu’on voulait profiter de chaque minute qui me restait chez eux – donc les deux derniers jours, j’ai dû dormir 2h.
C’était presque une expérience métaphysique : impression d’être en dehors du monde (sans doute parce que c’est de cette façon qu’on conçoit notre vie) et de me sentir mieux que jamais dans cette « marge ». D’autant plus que je revenais d’une situation compliquée, que mes derniers mois avec Hector m’avaient eraflés, et que j’avais le sentiment d’être une personne qu’on ne pouvait pas prendre telle quelle. Et pourtant, je me trouvais dans une espèce de maison du bonheur, avec des gens qui pensaient comme moi.
Ça m’a permis de reprendre une énorme confiance en moi, de me sentir aimée comme jamais, et de me dire que je ne m’abimerais plus jamais dans une relation où la personne que je suis intrinsèquement est remise en cause. Je suis comme je suis – certes, j’ai une façon de voir le monde très marginale, mais ça veut juste dire que je dois trouver des gens qui pensent comme moi. Parce que ça fait un bien fou d’être en accord.
Chez eux, j’ai repensé à ces histoires que j’ai déjà entendu : ces grandes collocs à plusieurs, ces maisons de hippies qui vivent ensembles paisiblement. J’ai eu le sentiment qu’on aurait pu faire ça ensemble. Et lorsque nous nous baladions dans la rue et qu'ils  attiraient le regard parce qu’ils ont un style très rock/gothique, j'observais tout ça en retrait en me disant que tous ces gens qui les regardaient de travers ne réalisaient pas à quel point ils étaient géniaux, plein d’amour, de tolérance et de compréhension. « Arrêtez de regarder les apparences, ces deux-là ont plus à vous apprendre que vous ne pourriez l’imaginer !! »

Et puis nous avions nos petits rituels vacanciers (outre nos thés du matin et du soir) : nous nous faisions des pina-colada pour le goûter, dans des verres en forme de tête de mort. Ce qui me faisait toujours mourir de rire. (Je veux les mêmes verres)

J’ai également revu ma marraine, que je n’avais pas vu depuis 12 ans. Elle m’a prise dans ses bras, et c’était juste ce que je crevais d’envie de faire. On a été manger chez elle tous les soirs, j’étais choyée, son mari prenait garde à ce que mon verre soit toujours plein. Bref : j’étais Paix & Amour.

Je ne parle même pas de toutes les déclarations d’amour qu’on s’est fait, à se dire qu’on s’aimait, eux qui me disait que je suis formidable et rayonnante, que je ne devais pas changer parce que j’étais une belle personne, etc etc.
Je suis repartie de là-bas avec un cœur remplie d’amour, et mon curseur de confiance en moi au maximum. Je sais maintenant que lorsque ça n’ira pas, j’ai un « Home Sweet Home » qui m’attend dans le Sud-Ouest, où je pourrais me ressourcer.

Mon départ a été déchirant. Le mari de ma cousine était au bord des larmes, et me disait « Tu es sûre ? Tu peux rester ici une semaine de plus ? Ne va pas chez ton père ! ». J’ai franchement hésité – déjà parce que j’appréhendais la semaine suivante chez mon père, j’en avais des brûlures d’estomac depuis deux jours. On s’est tenu par la main, on s’est serré fort dans nos bras, on s’est dit qu’on s’aimait, que ça avait paru trop court, beaucoup trop court. C’était simple et beau.
J’ai retenu mes larmes sur le quai, mais j’ai pleuré dans le train. Tout en me disant « J’ai fait de supers rencontres, c’est le début d’une amitié qui ne pourra qu’être encore plus belle et plus étroite ! ». 
Et je réfléchissais déjà à la prochaine fois où je pourrais retourner chez eux.

Dans le train, Hector m’a renvoyé un message (cet homme a le sens du timing). Hector qui, je le réalisais désormais, n’était absolument pas un homme avec qui ça collerait, ni une personne qui me faisait du bien.
Honnêtement, je ne sais même plus ce qu’on s’est dit. Il m’a envoyé des messages pendant 3-4 jours. Jusqu’à un soir, où j’étais dans la chambre, chez mon père. J’ai reçu un « Je pense à toi ». J’étais effondrée : comment peut-il m’envoyer un message pareil après les horreurs qu’il a pu me dire ?! Copine#1, à qui j’avais envoyé un message de SOS, de me dire « Arrête de t’infliger ça, bloque-le, cet espèce de connard. Tu es en train de te faire du mal pour rien ».
Je commence à lui répondre : « Je n’arrive pas à l’expliquer mais je ne me vois pas le bloq… »
Je réfléchis.
Je relis son message « Arrête de t’infliger ça »
Je réfléchis.
Merde, mais c’est vrai : j’accepte la situation si je ne fais rien, et je ne mérite pas qu’il ruine la personne que je suis avec ses drames permanents.
Je supprime toute la conversation, et je bloque son numéro.
Et j’envoie « Tu as raison » à Copine#1.

Pour clore sur Hector, il m’a envoyé un mail environ une semaine après, pour savoir si c’était normal que je ne lui réponde pas.
Je lui ai donc signifié que je l’avais bloqué, et que je ne voulais plus avoir de ses nouvelles. Il a insisté, il m’a envoyé un mail larmoyant en me disant que c’est moi qui était méchante, lui il est gentil, il revient vers moi (parce qu’il a ses raisons), et il veut juste me donner son cœur et que je lui donne le mien en retour.
J’étais juste folle de rage, et j’ai arrêté de répondre.
Depuis, silence radio, ça fait deux semaines, et c’est bien.
(En plus, depuis qu’il y a Charles-Henri dans ma vie, tout est encore plus simple. J’espère juste qu’Hector ne va pas se pointer à mon boulot un jour)

Chez mon père, l’ambiance était nettement moins idyllique. On s’est engueulé quasi tous les jours sur le végétarisme et l’écologie en général. Lui et son mari trouvent ça complètement con, et sont de toute façon persuadés que je ne peux pas vivre comme ça, que c’est impossible. J’avais beau dire « Mais regardez-moi, je suis un exemple vivant ! Je suis végétarienne, hyper active, je fais plus de sport en une semaine que vous deux en 1 an, et ma santé est excellente ! Vous ne pouvez pas dire que c’est impossible !! Vous niez l’évidence ! »
Bref, j’ai pris sur moi pendant une semaine et j’étais soulagé de rentrer.

A la suite de mes vacances, on a continué à s'écrire, ma marraine et moi, ma cousine et moi, et surtout son mari et moi. On est toujours en mode big love, a s'envoyer des cœurs, des déclarations et des compliments.
Ma vie est plus belle avec eux dedans. J'ai l'impression d'y être resté très longtemps, d'avoir réglé des choses, d'avoir tourné des pages… alors que pour le reste du monde il s'était écoulé une semaine ! Ça a été autant un pèlerinage que des vacances.

Aujourd’hui, j’ai reçu un mail du mari de ma cousine, plein de Love Love, où il me dit que je leur manque, et que cette connexion qu’on a eu ensemble était dingue, et super, et magnifique.
Bref, encore un shoot d’amour pur, et ça fait un bien fou ! J’aimerais tellement que le monde soit un lieu où les gens puissent se dire librement qu’ils s’aiment, sans arrière-pensées, juste parce que la vie est plus belle pour tout le monde lorsqu’on est des bisounours.

Love Love à tout le monde.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire