vendredi 29 décembre 2017

Noël... consternant

Consternation après 10 jours chez ma mère : ce qui devait, selon mon plan initial, me faire aller beaucoup mieux, me reposer, me faire prendre de la distance et me faire reprendre ma vie en main… n'est pas du tout arrivé.
Confiante, j’avais arrêté les médicaments dès mon arrivée : « Je n’en aurais plus besoin ! ».
3 jours plus tard, je fondais en larmes sans raison apparente.
J’ai repris les médicaments.
=> Échec cuisant.
"Mon raisonnement était pourtant sans failles" (Sentaï School)



Consternation en montant sur la balance : en une semaine chez ma maman, j’ai perdu 3kg.
C’est incompréhensible. A croire que la tristesse me grignote petit bout par petit bout. 

Consternation en effectuant les appels pour les travaux et autres ouvertures de compteurs pour ma maison : le chauffagiste ne pourra venir que mi-février. MI-FEVRIER.
Où vais-je aller pendant ce temps ??? 

Consternation : Je n’ai pas du tout l’énergie pour affronter cette nouvelle embûche.

Consternation quand mon plan B s'effondre à son tour : le ramoneur, censé venir vérifier mon poêle à bois pour que je puisse réchauffer un minimum le premier étage, s'est pointé une demi heure avant le rendez-vous, m'a laissé un message odieux sur mon répondeur pour me faire savoir qu'il était venu et que je n'étais pas là, et s'est barré. Avec l'excuse "Non mais je vous avais dit que je n'avais pas des horaires militaires non plus".
Je ne peux même pas décrire à quel point j'étais furax : j'aurais croisé sa camionnette, j'aurais littéralement foncé dedans en hurlant un Haka.

Si quelqu'un connait un Désenvouteur ou un Exorciste, qu'il me prévienne : ça m’intéresse.

Consternation de mes différents amis qui, sans se consulter, me disent tous : « Mais bon sang mais mets-toi en arrêt, reposes toi, fait un vrai break, tu ne peux pas continuer comme ça ! Arrête avec ta droiture à la con, et ta fierté de ″J’irais au boulot quoi qu’il arrive !″ ».
J’étais assez réticente (je déteste les arrêts de convenance), mais je commence à me laisser convaincre. Tout comme je commence très sérieusement à envisager de me faire remettre durablement sous anxiolytiques (et pourtant, j’ai toujours dit « Plus jamais ça »). J’ai envoyé un message à ma psy pour avancer mon rendez-vous, j’aimerai en parler avec elle – mais pour l’instant  elle est en congés, et je ne sais pas jusqu’à quand.

Consternation de Mister Perfect, avec qui j’ai été manger. Il n’était pas au top de sa forme, moi non plus, c’était donc un bon gros moment de déprime collective. On a reparlé de l’Association, il s’est fâché « Tu ne peux pas arrêter d’y aller, tu adores cette Asso, je me souviens comme tu étais contente de l’intégrer. Tu adores leurs animations, et puis c’était ta petite révolution 2017 pour aller mieux ! ». (Entre nous, il a 100% raison).
Sauf que : « Mais bordel Mister Perfect, je suis une larve depuis 3 semaines, je pleure non-stop, et à l’hôpital, j’ai manqué m’évanouir parce que le médecin me faisait penser à Charles-Henri ! C'est ingérable ! Et si je fais pareil à la prochaine réunion ? Si je fais une crise de panique, ou d’angoisse, ou que je tombe carrément dans les pommes ?! Et je fais comment, moi, pour assumer un truc pareil ?! ».
Il était absolument furieux. Tout ça lui parait totalement injuste, mes épreuves lui paraissent injustes, ma vie entière lui parait injuste et il ne supporte pas de me voir dans cet état. 
Cela dit, je ressens la même chose envers moi même.

Il aurait été consterné d'apprendre que j'ai récemment fait une crise d'angoisse parce que Copine#1 et sa mère parlait d'une amie d'enfance qui est également interne en médecine. D'entendre les choses qui me rappelait Charles-Henri (Thèses, internat, etc), je commençais à avoir du mal à respirer.
D'ailleurs pour la petite histoire drôle, cette fille a rapporté la même réputation concernant Charles-Henri que la pote à Mister Perfect : fêtard, pas sérieux, présent à toutes les soirées, très gros buveur. Sans même faire partie de sa promo - tout le monde semble connaitre Charles-Henri de réputation.
Je devrais être consternée, et me dire que je ne loupe rien, moi l'hypersérieuse, la nazi du taf bien fait. ...Alors c'est quoi mon problème ? 

Consternation de mon ami Q., qui s’est exclamé « Bon Dieu, je t’ai jamais vu aussi défaitiste ».Et quand je lui ai raconté mes dernières histoires, dont mon passage chez mon médecin tout vieux et tout sourd, il m’a regardé, les yeux ronds : « Ta vie est un putain de sketch, tu le sais ? ».
Ouais. Grave. Et c’est super, super, super fatigant.

Consternation en allant chercher du soutien auprès de ma Tatie, d’habitude très optimiste : « Mais tu n’y arriveras jamais ! Comment tu vas faire ?! Oh la la c’est pas possible, tu ne vas pas y arriver ».
=> J’en suis ressortie avec l’impression d’avoir fait la connerie de ma vie.

Consternation le 25 décembre, en plein gouter de noël avec mes grands-parents. Face à la morosité que j’essayais de cacher sans grande réussite, ma mamie a voulu changer de sujet (vu que mon papy insistait beaucoup sur « Qu’est ce que tu vas faire ? Comment ? Avec quoi ? Et tu crois que tu vas y arriver toute seule ? » à propos de mes travaux) :  
Mamie : Et comment va ton ancien colloc ? Il était gentil comme tout ce garçon !
Moi : … Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu depuis longtemps, on s’est beaucoup éloigné
Ma mère : Mais tu n’étais pas à son anniversaire vendredi dernier ?
Moi : … Non, j’ai jamais réussi à rentrer, je suis restée 2h dans l’escalier… *commence à pleurer*
Tout  le monde s’est mis à fixer le bout de ses chaussures, pendant que ma mère s’excusait « J’ai fait une gaffe ! Je suis désolée, je ne savais pas ! » », et tout ça était juste parfaitement stupide et embarrassant pour tout le monde.

Consternation en allant voir Monsieur Sophrologie, que je n’ai pas revu depuis l’enterrement de mon père adoptif. Il nous a invités, ma mère, mon frère et moi, à venir le voir avant noël pour papoter un peu.
Inutile de dire qu’il m’a demandé de lui écrire, et qu’il souhaite me revoir le plus tôt possible.

Consternation le 24 décembre : ma mère travaillait cette nuit-là, nous n’avons pas fêté noël. Ce qui m’arrangeait plutôt bien vu les circonstances. Et puis vers minuit, message de Charles-Henri.
Je mentirai si je disais que je ne m’y attendais pas.
Mais tout de même. Ça m’a mis dans un état terrible.
(Joyeux noël Mademoiselle B.)
J’ai répondu froidement à ses bons vœux, et il m'a renvoyé un message presque aussitôt, probablement heureux que je lui écrive.
Tout ça n’a aucun putain de sens.
Le pire, c'est qu'une partie de moi était contente qu'il pense à moi. Mais je suppose que cette partie voudrait qu'il pense à moi d'une façon qui n'arrivera pas, et que donc être contente d'avoir un message de lui est inutile et douloureux.
Peut-être que c’est la ″malédiction du gentil″, comme vu (et approuvé) sur le blog de Loïs, How I really Met your Father ? « Dis docteur, comment on se guérit d’un gentil ? »

J’avais déjà commencé depuis plusieurs jours à lui écrire un mail. Au début, c’était juste pour moi : je pensais écrire, puis supprimer. Ou écrire pour poster ici. J’ai d’abord écrit 2 pages, qui sont devenues en quelques jours 4, puis 5 pages.
Finalement, après noël, j’ai décidé d’aller jusqu’au bout, et de lui envoyer ma lettre.
Et je lui ai laissé cette adresse, l'adresse du blog, pour qu’il nous voit à travers mes yeux.

Je suppose que c'est mon message.
Est-ce que c’était une bonne idée ?
Aucune idée.
Mais ça me semblait avoir un sens, et c’était important pour moi.

En ce moment, j’ai l’impression de ne réfléchir qu’en termes de Sens et de Valeurs accordés aux choses. Avec du recul, c'est ce qui ressort beaucoup de mon mail adressé à Charles-Henri. Comme si ces deux choses, qui sont si importantes pour moi, avaient été bafouées.


Mais surtout, consternation face à moi-même : une partie de moi aimerait pouvoir s’extraire de mon corps, pour toucher du bout du pied la limace hyperémotive et larmoyante que je suis devenue en disant « Je ne sais pas qui c’est. Je ne la connais pas ».

Allez, à dans quelques jours pour le bilan de l'année.

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